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Into The Breach dévoile ses comptes
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Alors qu'elle vient tout juste de placer sur la liste des transferts l'ensemble de son effectif Counter-Strike, l'organisation britannique Into The Breach a dévoilé des détails sur ses dépenses liées à CS cette dernière année, via son cofondateur et CEO Sam "SlayTheMinotaur" Macedonio.

Écurie désormais bien établie dans le subtop européen, ITB avait surpris lors du BLAST Major Paris en ralliant les quarts de finale, alors que personne ne l'attendait à un tel niveau. Mais l'équipe n'a ensuite jamais réussi à confirmer, les débauchages de CYPHER et volt n'aidant pas. Son élimination lors du récent RMR, qui l'a privé de participation au Major de Copenhague, a constitué un énorme coup dur financier (pas d'argent des stickers, non-renouvellement des sponsors qui étaient partis avant le tournoi), ce qui explique pourquoi la line-up CS n'a pas pu être conservée.


misutaaa sous le maillot d'ITB lors du RMR de février

Bref, voilà ce que le dirigeant d'Into The Breach a dévoilé (post original ici, en anglais) :

Curieux de connaître les dépenses liées à notre roster Counter-Strike ? Voilà un aperçu de notre quête pour rejoindre le Tier 1 après notre parcours à Paris, puisque les gens ont l'air d'aimer la transparence :

- Revenus de sponsoring spécifiquement liés à CS avant Paris : 17 400 $ / mois.
- Revenus de sponsoring spécifiquement liés à CS après Paris : 25 200 $ / mois.
- Revenus de sponsoring spécifiquement liés à CS en février 2024 : 0 $ / mois.

- Dépenses salariales et coûts spécifiquement liés à CS (déplacements, staff, bootcamps, dépenses générales, primes liées au classement et à l'ancienneté) avant Paris : 19 300 $ / mois.
- Dépenses salariales et coûts spécifiquement liés à CS après Paris, après renégociations des contrats et récompenses accordées aux joueurs : 57 800 $ / mois, sur la période mai 2023 - mars 2024.

Les sponsors ne couvrent presque jamais l'ensemble des dépenses, quel que soit le jeu, et les revenus doivent provenir d'ailleurs.

Si vous réalisez de bonnes performances, vos dépenses vont drastiquement augmenter, mais vos revenus aussi. Cela devient un exercice d'équilibre, et si vous prenez de mauvaises décisions concernant votre roster ou si vous jouez mal, les dépenses vont rapidement excéder les revenus. Les sponsors partent, et les opportunités de générer d'autres revenus se réduisent.

Tout ça explique pourquoi le Tier 2, et tout ce qui est en dessous, est très volatile. Même dans le Tier 1, les risques sont énormes par rapport aux gains.

On a réalisé d'importants profits en 2023, mais qui sait ce qui va arriver en 2024. Les organisations doivent mettre des liquidités de côté lorsque ça marche bien pour elles, pour s'assurer une croissance durable. C'est pourquoi on a dû quitter temporairement la scène CS.

Toutes les organisations évoluant dans le Tier 2 et en dessous perdent de l'argent jusqu'à ce qu'elles se qualifient pour un Major. C'est ce qui guide le développement des rosters à ce niveau.

Le mieux que vous puissiez espérer est que vos coûts salariaux soient équilibrés par rapport à vos revenus de sponsoring. On poursuit cet objectif sur l'ensemble des jeux pour garantir notre durabilité, tant pour les joueurs que pour nous.

Je ne veux pas être ce type qui dit qu'il ne peut pas te payer à la fin du mois parce qu'il n'a pas assez anticipé.

L'équation économique est donc complexe puisque les dépenses, notamment les salaires des joueurs, augmentent très vite lorsque l'équipe commence à performer. Pour ITB, les dépenses liées à CS ont triplé après sa belle aventure au Major de Paris. En parallèle, il s'avère compliqué pour les revenus de suivre le même rythme puisqu'ils diminuent dès qu'un sponsor s'en va ou que l'équipe a un coup de mou.


Plus une équipe se débrouille bien, plus elle coûte chère. Dur de suivre la cadence.

Sam "SlayTheMinotaur" Macedonio a ensuite répondu à quelques questions que lui posaient les internautes sous son tweet :

Qu'est-il arrivé à l'argent des stickers [du Major de Paris] ?

La moitié est revenue aux joueurs/au staff, un quart a été dédié au développement du roster après Paris, et un quart a été conservé pour le futur. [post original]

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L'argent que vous rapporte les sponsors semble beaucoup moins élevé que la somme touchée par des créateurs de contenus [lorsqu'ils sont sponsorisés].

Les équipes d'esport sont beaucoup plus difficiles à monétiser. Les sponsors ont compris que leur impact de marque et leur "potentiel de revenus" sont bien plus faibles que ceux des créateurs de contenus.

C'est aussi pourquoi on souhaite reprendre une line-up d'une nationalité majoritaire pour notre prochain roster [ndlr : en opposition aux line-up internationales, composées de joueurs venant de pays différents et ne parlant pas la même langue]. C'est vital pour notre identité et l'engagement des fans, à moins que vous n'ayez une personnalité capable de rassembler une fanbase à elle seule tout en évoluant à un niveau professionnel, comme TenZ sur Valorant ou s1mple sur CS. Ce sont des "licornes" [ndlr : quelque chose de désirable, mais très dur à obtenir]. Les mix internationaux n'ont pas cette capacité, à moins que vous ne trouviez un autre moyen pour y parvenir.

Mais oui, les sponsors paient relativement peu comparé à des créateurs de contenus bien installés. Il faut diversifier ses revenus, ou mourir. [post original]

Je vois, c'est un peu triste. Je comprends pourquoi même une marque comme G2 se retrouve avec des sponsors de gambling. Pareil pour FaZe.

Sans le gambling et le trading de skins, l'intégralité de l'écosystème CS mourrait. Ces "dégénérés" soutiennent la scène et constituent les plus grands contributeurs de la santé financière de l'esport sur CS. Remerciez les "crackheads" du tchat Twitch. C'est grâce à eux que votre équipe favorite joue. [post original]

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Je me demandais si ça valait le coup d'essayer de monter une line-up dans une région "moins compétitive/moins chère". Par exemple, GODSENT a fait une line-up brésilienne et est allé au Major avec. NiP a aussi une équipe brésilienne sur Valorant. Les salaires doivent être moins élevés ?

Le Brésil est un mauvais exemple car il est déjà bien implanté sur la scène. Oui, les salaires sont moins élevés, mais l'écosystème est assez évolué pour en comprendre la valeur. Les contrats incluent aussi, généralement, un partage des revenus liés aux stickers.

Cela étant dit, je n'ai qu'une perspective limitée sur cette question parce qu'on n'a jamais exploré cette région. Mais je pense que l'écosystème brésilien est globalement assez sain. Des fans engagés, nationalistes, des interactions raisonnables avec les sponsors locaux, des talents incroyables. Le Brésil est une future grosse puissance sur la scène mondiale et dans l'esport. [post original]

Le CEO a conclu en rappelant que malgré son abandon de Counter-Strike, qui lui coûtait désormais trop cher, la structure Into The Breach, présente sur d'autres jeux, n'était pas en danger d'un point de vue financier. "On est l'une des rares organisations d'esport à être rentables parce qu'on est pragmatiques et qu'on essaie de réduire au maximum notre exposition à la 'chance' ou aux mauvais résultats". Espérons pour ITB que ça dure.

De notre côté, il est toujours très intéressant d'avoir accès à ces informations économiques que les clubs ne divulguent que très rarement, voire jamais. Elles confirment que le monde de l'esport reste très bancal financièrement et que de nombreuses structures sont prêtes à aller chercher de l'argent un peu n'importe où (fonds de capital-risque, sombres sites de jeux d'argent, entreprises spécialisées dans les cryptomonnaies) pour continuer à payer les salaires démentiels de leurs joueurs. Bref, on n'est pas sortis du sable.

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